"La combattante qui a toujours su voir et photographier l'espoir au milieu des ruines".

 


La Galerie Vues d'ici expose dans le village emblématique de Duras les différentes facettes du travail de la photographe-correspondante de guerre et artiste plasticienne Christine Spengler.

 

 

Trois volets majeurs de son travail sont présentés avec une sélection de photos, témoins des moments forts en émotion qu'elle a vécus et dont elle témoigne.


 

 Première partie : Les photographies argentiques en noir et blanc

 

 

En 1970, à la mort de leur père en Alsace, Christine et son frère Éric décident de faire un grand voyage au bout du monde pour ''peut-être, ne plus jamais revenir''.

 

Voyageant sans visa et sans carte de presse, ils sont faits prisonniers dès leur entrée à Zouar, Porte du Tibesti, au Tchad, par les légionnaires français qui les conduisent à Fort-Lamy pour y être jugés.

 

Les ''jeunes délinquants'', comme on les appelle là-bas, sont accusés d’être des journalistes ou des espions venus aider les ''rebelles''. Ils sont emprisonnés pendant vingt-trois jours.

 

Christine Spengler écrit dans son autobiographie ''Une femme dans la guerre'' (publié aux éditions Ramsay en 1991) et ''Une femme dans la guerre. 1970-2005'' (publié aux Éditions Des Femmes /Antoinette Fouque), que ce séjour dans la prison de Fort-Lamy fut un des plus beaux souvenirs dans sa vie : "Être enfin seule avec toi, Éric, seule au bout du monde, séparée du monde connu par des milliers de kilomètres et un océan de sable…".

 

Christine Spengler réalise son premier cliché en 1970 avec un appareil photo Nikon prêté par son frère Éric. Elle découvre sa vocation : correspondante de guerre pour témoigner des causes justes.

La première photo : entraînement des rebelles Toubous dans les montagnes du Tibesti. 1970
©Christine Spengler - Tchad, 1970. La première photo : entraînement des rebelles Toubous dans les montagnes du Tibesti.

 

En 1973, à Saïgon au Vietnam, seule femme correspondante de guerre photographe sur place, Christine reçoit à l’Hôtel Continental où elle travaille à dix dollars la photo pour l’agence américaine Associated Press, le télégramme bleu annonçant le décès de son frère. Ce drame va bouleverser sa vie et faire d’elle une errante. Entièrement voilée de noir comme une veuve iranienne, elle ne cessera de défier la mort sur tous les terrains de guerre du monde ''afin de témoigner de la barbarie des hommes'', mais aussi ''pour rejoindre plus vite Éric sur un lit de lys et de roses''.

 

Mais la mort ne veut pas de la sawda (la femme en noir) comme on la surnommait dans le monde arabe.

 

 

En avril 1975, au Cambodge, peu avant l’arrivée des Khmers rouges dans la capitale, elle est la seule à photographier le terrible bombardement de Phnom Penh. Cette photo apocalyptique et dépourvue de sang fait le tour du monde.

 

 

©Christine Spengler - Cambodge. Le bombardement de Phnom-Penh. 1975
©Christine Spengler - Cambodge. Le bombardement de Phnom-Penh. 1975

Après la publication de cette photo, Christine Spengler, une des rares femmes au monde à exercer ce métier à haut risque, travaille pour l'agence Sygma et couvre pendant 30 ans tous les conflits qui ensanglantent "la face obscure" du monde : Irlande du Nord, Vietnam, Cambodge, Sahara Occidental, Liban, Iran, Nicaragua, Salvador, Kosovo, Afghanistan et Irak.

 

 

 

Les photos de guerre de Christine Spengler sont devenues des icônes pour avoir été publiées dans les plus grands magazines du monde et exposées dans de grands musées.

 

Christine Spengler continue à photographier les lieux de résistance fréquentés par des populations en quête de liberté et de justice, comme les réfugiés de la Jungle de Calais.

Deuxième partie